Jeunesse auboise

 

Originaire de l'agglomération troyenne, Jean-Marie Gobry connaît dès 8 ans l'exigence et le plaisir des productions publiques au cours des quelques centaines de concerts religieux, en France et en Allemagne, de la manécanterie de la cathédrale de Troyes dont il fait partie avec ses frères.

 

À l'adolescence, il baigne dans le théâtre amateur, participe au montage de plusieurs spectacles dans sa commune et s'essaie à l'écriture dramatique. Puis, durant trois ans, il est membre du groupe « Les Octaves » qui prendra son essor quelques années plus tard et avec lequel il se produira devant des publics divers et apprendra l'importance de la précision du détail et du rythme dans la construction de leurs spectacles de variétés.

 

 

Période alsacienne

 

JM s'installe en Alsace et s'y marie. Dans des formations par stages, il rencontre André Leroy, metteur en scène, qui règne sur le théâtre du Haut-Rhin. Ce dernier lui transmet sa profonde connaissance de la scène et de l'homme, ainsi que sa haute exigence esthétique. Sous son autorité, JM vit l'expérience de grandes réalisations : « L'Alcade de Zalamea » de Calderon, « Till Eulenspiegel » de Weisenborn, « Andorra » de Max Frisch où il est acteur et assistant de Leroy. Ces représentations, qui marqueront profondément sa démarche future, ont lieu dans des espaces ouverts, ruines du château du Morimont, place publique de Thann... et drainent quelques milliers de spectateurs.

 

À Mulhouse, à l'adresse de la population majoritairement immigrée du quartier où il exerce son nouveau métier d'animateur socio-culturel, JM expérimente d'autres langages théâtraux, usant du son non linguistique, de la pantomime et de la technique de la commedia dell'arte. Dans une salle ouverte sur le quartier, la troupe qu'il constitue travaille l'improvisation, dans une recherche d'authenticité des rapports et des situations.

 

C'est ensuite le déchirement du divorce et l'aventure du professionnalisme. Avec un complice mime et les textes de sa nouvelle compagne Marie-Ange Valle (qui deviendra l'écrivain Armande Gobry-Valle), il monte un spectacle de café-théâtre qui les mènera, au fil de modestes tournées, à un cabaret suisse puis parisien. La décision que Marie-Ange et lui s'appelleront désormais Gobry-Valle scelle leur union amoureuse et artistique.

 

Suit une période d'hésitations où JM dirige des acteurs dans un film réalisé par un ami, enseigne la guitare, se consacre à la peinture et à la confection. Durant cette remise en cause, il retourne vers sa région d'origine.

 

 

Retour dans l'Aube

  • Le réveil

Avec Marie-Ange, il s'installe à Romilly-sur-Seine où il se laisse à nouveau gagner par le théâtre. Il ouvre un atelier dans cette ville et à Sézanne où, sollicité par des jeunes en échec scolaire, il crée avec eux un spectacle fort. À Romilly, sa rencontre avec le poète Alain Bouché stimule chez l'un et l'autre une productivité créative. Leur collaboration débute avec un spectacle pour enfants « Les fascifaneurs d'ombres » où le poète fait preuve d'une invention langagière exceptionnelle, et qui déplace toutes les écoles primaires de la ville. Et dans un petit théâtre créé avec les membres de son atelier JM invite quelques artistes à se produire et monte « Moi+moi=moi », une création collective dialoguée par Alain Bouché et Marie-Ange.

 

  • Le Paraclet

Un domaine, situé près de Nogent-sur-Seine et ayant pour nom « Le Paraclet » interpelle JM et son ami poète. Il s'agit d'une terre originellement boisée et marécageuse qui, au XIIe s. fut offerte à Pierre Abélard par Thibaut IV, comte de Champagne et devint le premier « campus » de l'Histoire, avant qu'Abélard ne la cède à Héloïse pour qu'elle y fonde son abbaye. Avec le plein accord du propriétaire des lieux, lui-même grand amoureux d'Héloïse, un projet s'élabore. Un an plus tard, Alain Bouché livre son texte d'un lyrisme claudélien : « Héloïse Abélard ou les noces d'absence ». Avec 49 comédiens, des musiciens, des plasticiens et des techniciens, le soutien de la DRAC et de Michel Baroin, maire à cette époque de la ville de Nogent, JM en fait une mise en scène profonde, aux images fascinantes. Plus de deux mille spectateurs se pressent à l'événement qui bouscule la région et déplace quelques personnalités des arts dont l'écrivain Jeanne Bourin, le cinéaste Marcel Hanoun et une journaliste du journal Le Monde.

 

  • Le théâtre de Conflans-sur-Seine

Les organismes régionaux, qui n'ont pas cru à la viabilité du projet « Paraclet », veulent à présent orienter JM vers d'autres grandes réalisations régionales. Mais celui-ci n'a aucun goût pour le travail de commande et rêve d'un contact suivi avec un public du quotidien. Le maire de Conflans-sur-Seine l'accueille à bras ouverts et lui confie l'ancienne salle des fêtes pour qu'il la transforme en théâtre rural. Avec quelques bénévoles et récupérant des sièges d'un ancien cinéma, il crée un « théâtre de poche » de 64 places en gradins, y lance une formation et monte sur deux saisons des petites pièces de Tchekhov, que son nouveau public découvre avec bonheur. Le projet suivant : « Échec à la reine » d'Andrée Chedid, n'est pas aussi lumineux, malgré les échanges chaleureux entretenus avec l'auteur qui s'est déplacé jusqu'à Conflans. À la montée dans l'évidence succède le doute et la chute.

 

  • Troyes

Après un temps de tâtonnement, JM ouvre une école de théâtre avec son frère Gérard, universitaire. La formation théorique et pratique proposée attire de nombreux élèves. Cependant, devant l'impossibilité d'obtenir une aide financière des collectivités locales et régionales, l'école doit fermer après trois ans d'activité, les frais des locaux et des intervenants externes s'avérant trop élevés pour qu'ils soient assumés par les seuls élèves. Parallèlement, JM crée la Compagnie du Théâtre Armande et monte deux versions différentes de « Mystère Bouffe (Mistero buffo)» de Dario Fo, qu'il présente dans des théâtres mais également dans un supermarché, un lycée, une église désaffectée... Puis il met en scène « La putain respectueuse » de Jean-Paul Sartre.

 

Il écrit trois bouffonneries : « Le festin », « Le pinacle » et « Le moineau » qui seront sélectionnées pour une fête du théâtre de l'université parisienne de Censier et jouées ça et là par des troupes amateurs. En plus de la formation pour adultes qu'il poursuit au cours des années, il ouvre des ateliers pour enfants et écrit pour eux « Le roi malade », « L'araignée de Bouboulakou », « La forêt interdite », « Zyba et la domesterie », « Zyba, maître des arts ». Parallèlement à ses ateliers, il propose quelques soirées de « théâtre en appartement » avec des « Histoires à méditer » de Marie-Ange GV, comme un retour à l'essentiel. Et durant dix années, il intervient régulièrement auprès d'étudiants chinois de l'UTT, leur fait travailler de la poésie, des scènes du répertoire, adapte pour eux « Le médecin malgré lui » de Molière, leur écrit « Zyba et les aveugles » et « Nuit tranquille ».  Tous ses textes peuvent être téléchargés sur son site personnel : Les Comédies de JMGV https://jmagobry-valle.wixsite.com/les-com-dies-de-jmgv

 

Avec son ami musicien Lahcen Bouamoud, il reprend le texte « Vanité » de Marie-Ange pour en faire un duo parole et oud (luth arabe).

 

Toutes ses expérimentations et ses réflexions sur l'essence de l'art et la vanité de la gloire, trouvent leur aboutissement dans la construction du Studio-Coryphée qui, avec ses ateliers et ses soirées, offre à chacune et chacun un espace de partage créatif, chaleureux et authentique.